L’hyperglycémie de rebond
Suite à ses observations scientifiques, Michael Somogyi, biochimiste et professeur à l’Université de Washington, a émis, dans les années 50, l’hypothèse que « l’hypoglycémie pouvait engendrer l’hyperglycémie ». De nos jours, on parle de « l’effet Somogyi » qui se caractérise par une hausse de la glycémie du matin à la suite d’une hypoglycémie nocturne non détectée et non traitée chez les personnes insulinodépendantes. Pour compenser l’hypoglycémie, le corps sécrète des hormones de contre-régulation, comme le glucagon et l’adrénaline, ce qui a pour effet d’augmenter la glycémie du matin. On parle alors d’hyperglycémie rebond.
Bien que cette hypothèse n’ait jamais été démontrée par les recherches, les professionnels oeuvrant dans le domaine du diabète estiment qu’il faut suspecter l’effet Somogyi chez une personne qui continue de présenter des hyperglycémies le matin alors que le dosage de l’insuline au coucher est graduellement augmenté.

Les personnes vivant avec le diabète de type 1 ou de type 2 traitées à l’insuline dont les résultats de glycémie sont élevés au réveil (supérieurs à 7 mmol/L), devraient mesurer leur glycémie vers 3h am ou lors du pic d’action de l’insuline du coucher durant au moins deux nuits consécutives. Si à ce moment la glycémie est inférieure à 4 mmol/L, vous êtes en hypoglycémie et vous pourrez peut-être expliquer votre hyperglycémie matinale par l’effet Somogyi.
Voici quelques causes de l’hypoglycémie nocturne:
- Une dose d’insuline trop élevée au coucher
- Un problème relié à votre technique d’injection de l’insuline
- Une consommation de glucides plus faible qu’à l’habitude au souper ou durant la soirée
- Une consommation d’alcool à jeun ou de façon excessive
- Une activité physique inhabituelle durant la journée
Après avoir trouver la cause, une discussion avec le médecin pourrait déterminer s’il y a lieu de diminuer le dosage d’insuline au coucher ou de modifier le type d’insuline.
Le phénomène de l’aube
Le phénomène de l’aube est un processus naturel qui se produit vers la fin de la nuit (après 3 heures). Le corps libère à ce moment des hormones, telles que le cortisol, l’adrénaline et l’hormone de croissance, qui agissent dans le but, entre autres, de préparer le corps au réveil. Ces hormones favorisent la sécrétion de glucose par le foie et chez les personnes vivant avec un diabète, le pancréas ne produit pas assez d’insuline pour contrôler cette élévation de la glycémie. Il en résulte donc des hyperglycémies le matin même si la glycémie était normale au coucher.
Ce phénomène est peu connu mais semble assez fréquent et peut survenir chez plus de 50% des personnes vivant avec le diabète de type 1 ou 2.
Pour l’instant, il n’est pas encore possible d’identifier les gens qui peuvent présenter ce phénomène. Cependant, il est possible d’en diagnostiquer sa survenue en évaluant l’apparition ou non d’une baisse de glycémie la nuit grâce aux lecteurs de la glycémie en continu ou en prenant simplement quelques glycémies capillaires durant la nuit (vers 2 heures). Ainsi, si des hypoglycémies nocturnes sont identifiés suivi d’hyperglycémie à l’éveil, l’effet Somogyi est fort probablement l’explication tandis que l’absence d’hypoglycémie suivi d’une hyperglycémie matinale explique plus probablement un phénomène de l’aube.
Il est ensuite important de discuter avec l’équipe soignante afin de confirmer le phénomène de l’aube et mettre en place des solutions pour en diminuer son impact.
- Apporter quelques changements au mode vie tel que faire de l’activité physique en soirée et/ou tôt le matin afin d’utiliser le glucose et diminuer le taux de glycémie
- Manger plus tôt le souper et éviter les collations contenant des glucides avant le coucher
- Ne pas retarder la prise du déjeuner pour ainsi diminuer la sécrétion des hormones responsables de l’hyperglycémie
- Évaluer la qualité du sommeil et en parler à l’équipe de soin au besoin. Un bon sommeil pourrait diminuer le phénomène de l’aube.
- Discuter avec l’équipe soignante si les stratégies décris ci-dessus n’ont pas d’impact positif sur la glycémie du matin. Un ajustement au traitement pourrait être envisagé.