Les troubles du comportement alimentaire

« Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont des désordres complexes, principalement caractérisés par des habitudes alimentaires anormales, une crainte intense de prendre du poids et une grande préoccupation par rapport à l’image corporelle » (ANEB Québec).

Les principaux TCA sont :

  • l’anorexie
  • la boulimie
  • l’hyperphagie boulimique

Les signes à surveiller

Mis à part une perte de poids importante ou une préoccupation excessive à l’égard du poids, voici des comportements pouvant être des signaux d’alarme:

  • Mange peu, consomme essentiellement des aliments peu caloriques (salades, légumes, etc.)
  • Évite complètement certaines catégories d’aliments
  • Refuse de manger les aliments qu’il/elle aimait auparavant
  • Saute des repas
  • S’isole pour manger
  • Utilise des laxatifs et/ou se fait vomir
  • Fait de l’exercice à outrance ou de façon excessive
  • Se prive de doses d’insuline ou s’administre des doses réduites pour perdre du poids
  • Porte des vêtements très amples ou une superposition de plusieurs vêtements

Un taux d’hémoglobine glyquée (A1C) plus élevé qu’à l’habitude et difficile à expliquer peut être signe d’une restriction des doses d’insuline. La restriction répétée d’insuline peut engendrer l’acidocétose diabétique et augmente le risque de développer des complications du diabète à long terme.

Certaines personnes diabétiques de type 2 sont également atteintes du trouble de l’alimentation nocturne, qui est caractérisé par la consommation de plus de 25 % de ses apports énergétiques après le souper, et par le fait de se lever la nuit pour manger, et ce au moins 3 fois par semaine. Ce syndrome peut causer une prise de poids, une difficulté d’atteindre un bon contrôle glycémique ainsi qu’une augmentation des complications reliées au diabète. 

Le diabète: un facteur de risque

Une multitude de facteurs contribuent au déclenchement, au développement ainsi qu’au maintien des troubles du comportement alimentaire. Certains aspects du diabète pourraient y contribuer.

On estime qu’entamer un régime peut être un facteur déclencheur de ces troubles. Comme l’intervention nutritionnelle fait partie du traitement du diabète, une personne déjà prédisposée à développer un TCA y serait encore plus vulnérable si elle est diabétique. En effet, la gestion de la maladie impose de quantifier les apports en glucides et d’avoir un contrôle plus étroit sur son alimentation (Pedwell, 2008 dans Diabetes Dialogue).

Aussi, la plupart des personnes nouvellement diagnostiquées avec un diabète de type 1 ont tendance à prendre du poids au début du traitement. Pour plusieurs, il s’agit en réalité d’une reprise du poids perdu avant le diagnostic de diabète, en raison de la maladie. Par ailleurs, il demeure que l’insuline est une hormone qui peut favoriser le stockage de masse adipeuse chez une personne sédentaire. Elle peut également favoriser le développement de la masse musculaire chez une personne active physiquement, pouvant faire augmenter le poids sur la balance. Pour certains, le gain de poids peut être indésirable et donner l’impression qu’ils perdent le contrôle sur leur corps.

Enfin, une maladie chronique telle le diabète peut engendrer un stress. Certains spécialistes de la santé mentale croient qu’une des fonctions du trouble alimentaire est reliée aux émotions vécues trop douloureuses et difficiles à gérer. Ainsi, le stress et les émotions pourraient jouer un rôle dans le développement ou le maintien d’un trouble (Pedwell, 2008 dans Diabetes Dialogue).

Les troubles du comportement alimentaire chez les adolescents

L’image corporelle et l’adolescence

L’adolescence est une période pendant laquelle l’identité se construit. Le regard d’autrui prend de l’importance et le désir de plaire peut prendre beaucoup de place. C’est une période de la vie pendant laquelle plusieurs sont insatisfaits de leur image corporelle. Selon les données de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2010-2011, environ un élève du secondaire sur 2 (51%) se dit satisfait de son apparence.

L’insatisfaction face à son image corporelle peut engendrer des comportements malsains. Chez les jeunes diabétiques, des apports alimentaires inadéquats ou des modifications au traitement du diabète dans le but de perdre du poids peuvent perturber le contrôle de la glycémie et engendrer des complications microvasculaires plus rapidement. 

Risque plus élevé chez les diabétiques de type 1 

10 % des adolescentes diabétiques de type 1 auraient un TCA, comparativement à 4 % chez celles qui ne sont pas diabétiques. 

Comment prévenir les troubles du comportement alimentaire chez les adolescents

Le manque de confiance en soi est souvent un élément précurseur du développement d’un trouble du comportement alimentaire. Les commentaires, l’attitude et les comportements de l’entourage peuvent influencer cet aspect souvent fragile à l’adolescence.

Voici quelques attitudes à adopter avec votre adolescent:

  • Éviter les commentaires ou les jugements sur son poids ou son image corporelle. Mettre plutôt ses qualités et ses compétences en valeur pour stimuler son estime de soi.
  • Éviter les taquineries sur les changements du corps à la puberté, pour limiter l’apparition de complexes.
  • Rester à l’écoute sans toutefois devenir surprotecteur.
  • Montrer l’exemple en adoptant une attitude saine et équilibrée en matière d’image corporelle et d’alimentation.

Si vous soupçonnez la présence d’un TCA, consultez un professionnel de la santé.

Quelques ressources

ANEB ou Anorexie et boulimie Québec: il s’agit d’une excellente ressource communautaire qui offre notamment une ligne d’écoute et de référence ainsi que des groupes de soutien pour les personnes vivant avec un trouble alimentaire et leurs proches.

www.anebquebec.com 

L’hôpital Douglas, l’institut universitaire en santé mentale, offre un programme de renommée internationale pour les troubles de l’alimentation: les professionnels qui y travaillent ont l’habitude de traiter des personnes atteintes de diabète et de troubles de l’alimentation.

www.douglas.qc.ca/section/troubles-de-l-alimentation-146


Recherche et rédaction : Équipe de professionnels de la santé Diabète Québec

Révision scientifique : Josée Guérin, Dt.P., Nutritionniste-psychothérapeute, Présidente et fondatrice de la Clinique psychoalimentaire, Chargée de cours à l’Université de Montréal

Octobre 2014 (mise à jour juillet 2018)

©Tous droits réservés Diabète Québec

Références :

ANEB Québec. http://www.anebquebec.com (site consulté le 24 juillet 2018)

Robinson D, Coons M, Haensel H et al. Diabetes Canada 2018 Clinical Practice Guidelines for the Prevention and Management of Diabetes in Canada: Diabetes and Mental Health. Can J Diabetes 2018; 42 (Suppl 1): S130-S141.

Extenso (2012). Les adolescentes et la nourriture : une relation difficile [En ligne]. Repéré à http://www.extenso.org/article/les-adolescentes-et-la-nourriture-une-relation-difficile/ (page consultée le 24 juillet 2018)

Institut de la statistique du Québec (2012). Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2010-2011 : Tome 1. Le visage des jeunes d’aujourd’hui : leur santé physique et leurs habitudes de vie, Québec, p. 121-147.

Pedwell Susan (2008). Dangerous Dieting, Diabetes Dialogue, vol 55 num 2, p.20-24