Dépassement de soi en pays mythique
Après un an de préparation physique et une collecte de fonds de plus de 57 000 $ pour la recherche en diabète, ce sont 18 marcheurs qui ont pris l’avion, le 4 septembre 2015, en direction de Rekjavik, capitale de l’Islande. Le défi physique et l’appel au dépassement de soi ont réuni des participants de tous horizons. Personnes diabétiques elles-mêmes, travailleurs de la santé, et autres voyageurs en quête d’aventures étaient empressés de découvrir ce pays mythique regroupant volcans et glaciers.
Arrivée en terre islandaise
Dès notre sortie de l’avion, le froid humide, caractéristique de cette période de l’année, se fait sentir. Heureusement, chacun possède l’équipement nécessaire pour faire face à toutes les températures, je dis bien TOUTES! Les premières heures à visiter la capitale, recouverte de brume, sont magiques! Nous profitons pleinement de cette seule journée où nous pouvons visiter les quelques attraits touristiques et profiter du luxe des services de la ville, une douche chaude en l’occurrence.
Le trek
Le milieu de nulle part
Dès le lendemain, nous prenons la route vers le point de départ de notre trek, Landmannahellir. Un trajet de 3 heures en autobus nous mène à ce qui nous semble être le milieu de nulle part. Les premières heures de marche sous le soleil sont féériques et la fébrilité du groupe se fait ressentir. Nous nous familiarisons rapidement avec, sous nos semelles, la texture de mousse qui nous supportera pendant plusieurs jours. Nous voyions à l’occasion des moutons sauvages, groupés par 3, perchés du haut de leur butte qui ont l’air de se demander la même chose que nous à leur égard : « Que font-ils ici? ». La première nuit en camping se passe bien. Tout le monde finit par se réchauffer dans leurs sacs de couchage, malgré la température extérieure avoisinant les 5 oC.
Le deuxième jour de randonnée est un de mes coups de cœur, malgré les 22 km de marche et les terrains accidentés où certains doivent faire face au vertige. On commence par une matinée ensoleillée, traversant à l’occasion des étendues de neige éternelle. L’heure du dîner nous réserve une baignade imprévue dans une source d’eau chaude naturelle. La journée se termine par une traversée d’une plaine qualifiée de paysage de The Lord of the Rings par Camille, la benjamine du groupe. Nous voici rendus à Landmannalaugar, où l’on doit monter les tentes à la noirceur et les entourer de roches tellement les vents sont violents. Nous nous couchons épuisés.
Le réel défi
C’est lors du troisième jour que nous avons un avant-goût du dicton islandais que je traduis librement : « Si tu n’aimes pas la température, attends 5 minutes et elle changera ». Nous plions bagage sous la pluie. Quelques heures de marche dans cette température suffisent pour que la majorité d’entre nous ait les bas humides, même mouillés. Humidité qui demeurera, pour ma part, tout le restant du voyage. Heureusement, un bon rythme de marche et une formation « caucus » pendant les pauses, nous gardent au chaud, malgré la grêle occasionnelle. On se rapproche de nos acolytes quand Tristan, le guide islandais, nous suggère de marcher deux par deux, bras dessus-dessous, pour être certain de ne pas s’envoler avec les rafales avoisinant les 80 km/h. C’est ici que commence le réel défi!
Le même scénario se répète pour le jour 4. Les membres groupes se rapprochent par la force des choses et les encouragements se multiplient. Nous ne nous laisserons pas vaincre par cette température! Les traversées de rivières glaciales en petits bottillons de néoprène poussent la note, mais font ressortir notre bravoure. Pas le choix de continuer, nous sommes au milieu de nulle part. Heureusement, les guides organisent 3 nuits consécutives en refuge, plutôt qu’une. Ce qui nous permet, tant bien que mal, de faire sécher notre linge et de manger au sec les délicieux plats d’agneau et de morue préparés par l’équipe locale.
L’accalmie
Jour 5, je me ravise, c’est celui-ci mon coup de cœur! Nous traversons, sous le soleil (eh oui, du soleil toute la journée!), un désert de sable volcanique avec un arc-en-ciel et son jumeau qui nous suivent durant toute la traversée. On sent les esprits du groupe plus légers : nous apprécions le terrain plat, l’accalmie de vent et la lumière exceptionnelle qui contraste avec le sable noir et le glacier de Mýrdalsjökull que nous longeons.
Le jour suivant nous réserve, encore une fois, plusieurs heures de marche et la traversée de quelques rivières, dont une, où il nous faut traverser en « bobettes » étant donné la hauteur de l’eau! Juste avant cette traversée de rivière cocasse et mémorable, nous apercevons, pour la première fois, la célèbre faille de feu, Eldgjá. Faille dans laquelle nous descendrons et marcherons le lendemain. La température est maintenant plus clémente et nous permet de profiter pleinement des vues exceptionnelles et des couleurs inédites que l’Islande a à offrir. Les arrêts pour photos se font plus nombreux, car nous sentons bien que ce que nous vivons soit une chance unique qui sera impossible de reproduire.
Un repos bien mérité
Durant les dernières heures de marche, certains sont nostalgiques tandis que d’autres expriment leur impatience de terminer. Tout de même, les paysages de la dernière journée sont aussi différents que les précédents : eau d’un vert émeraude, montagne d’un vert fluorescent et rochers couleur rouille. Une chose est certaine, la fierté de chacun est palpable, surtout lorsque nous improvisons une ligne d’arrivée juste avant le dernier campement. Un moment de rires, de pleurs et d’accolades s’en suit. Nous avons parcouru 130 km en 8 jours.
Que ce soit en dépassant ses capacités physiques, en faisant face aux intempéries, en défiant leur vertige, en acceptant le repos forcé par une blessure ou en gérant le diabète, tous les participants ont dépassé leurs limites jour après jour. En plus, nous avons pu confirmer que l’Islande, de par ses qualités, ses défauts et sa température, ressemble drôlement au contrôle du diabète.
Merci encore à tous les généreux donateurs grâce à qui la recherche en diabète pourra avancer.
Récit de Amélie Roy-Fleming
Paru dans le Plein Soleil Hiver 2016
D’autres photos sont disponibles sur notre page Facebook.